Le compte-rendu par Jean-Marie, maitre de Jixie :
"Le Challenge des gorges de l’Ardèche, c’est un canicross le samedi après-midi de 5,5 km, et un canitrail de 15 km le dimanche matin. Notre objectif pour Jixie et moi c’est de terminer les 2 épreuves, choses que nous n’avions pas pu réaliser l’année dernière à cause d’une blessure peu avant l’arrivée le samedi après-midi.
Le Canicross
Après une installation au camping avec une partie réservée aux canicrosseurs, il est l’heure du retrait des dossards au bord de l’Ardèche. Lors de l’attente, Emilie et Janga nous rejoignent, puis Sandrine et Lola. On nous donne rendez-vous à Aiguèze, très joli village médiéval sur l’autre rive de l’Ardèche, pour un briefing à 17h30. Nous avons 2 choix comme indiqué sur le programme pour rejoindre le départ, soit par le bord de la rivière et le pont de canoés (1,5 km), soit par la route (2 km). Nous choisissons la première option, mais malheureusement arrivés au pont de canoés, il était loin d’être terminé. Nous avons dû rebrousser chemin et passer par la route.
Briefing à 17h30, le parcours sera ramené à une distance de 4,5 km car nous ne pouvons pas rejoindre St Martin faute de pont de canoés. Le départ, prévu par vagues de 10, se fera par vague de 5 dans l’ordre des numéros de dossard, toutes les 30 secondes.
Juste le temps de s’échauffer, il est temps de se rendre au départ, Jixie n’est pas trop excité contrairement à d’habitude, ce qui m’inquiète un peu. 2 vagues partent devant nous puis vient notre tour. Nous partons à bonne allure, Jixie tracte bien, elle suit un berger australien le temps d’une petite montée de 500m avec 50m de D+, vient une descente de 500m et on en profite pour doubler. Vient ensuite une montée de 1,8 km (150m de D+) sur une piste caillouteuse au début et qui se termine par un agréable monotrace à l’ombre. Nous alternons marche et course car je paye les efforts d’un départ trop rapide et d’un manque d’échauffement. Nous nous faisons doubler par des concurrents (Gladys et Rachid entre autres) mais nous arrivons à en doubler une paire. Jixie tracte doucement mais surement, elle sent que je ne suis pas au mieux. Arrive la descente, très technique avec succession de virages, de grosses marches et une superbe vue sur les Gorges. Pas trop le temps d’admirer le paysage, il faut regarder où on pose les pieds. Nous revenons sur des attelages qui nous avaient doublés peu de temps avant la fin de la montée, je me sens bien et nous arrivons à rester au contact jusqu’à l’arrivée.
Au bout de 5 minutes je regarde autour de moi car je n’ai pas vu Emilie et Janga arriver, je fais part de mon inquiétude à des connaissances et au bout d’un quart d’heure je me rapproche de la ligne d’arrivée pour avoir des infos. Je vois le médecin de la course qui part en courant pour porter secours à un blessé. A peine a-t-elle fait une cinquantaine de mètres, que j’aperçois Emile et Sandrine qui arrivent à droite de la ligne d’arrivée. Emile a fait une chute au début de la descente, et s’est fait une fracture du poignet, aucun doute sur le diagnostic vu l’état de son poignet*. Très courageusement elle a terminé la course en marchant, bravo Emilie. Prise en charge par les pompiers elle a été amenée à l’hôpital de Bagnols sur Cèze, d’où elle sortira 2 heures plus tard pour être rapatriée à St Roch sur Montpellier par son compagnon. (* résultat "des courses" : fracture radius cubitus et 2 broches !).
Un apéritif bien sympa a été offert par l’organisation sur la plage.
Après cette journée pleine d’émotion il faut penser à demain, Sandrine et Laurence parlent de ce Canitrail comme une épreuve pleine d’imprévus, balisage farçeur, réserve d'eau difficile à gérer sur le parcours. Déjà, on nous demande de regarder nos mails demain matin pour savoir si le départ se fera d’Aiguèze ou de St Martin en fonction de l’avancement du pont de canoés.
Le Canitrail
Réveil à 6h, pas de mail, donc briefing à 7h15 à Aiguèze.
On nous avait prévenu :
« Pour les plus aguerris inscrits sur le canitrail, des surprises moins agréables viendront pimenter le looooong parcours : des montées à 8 pattes, des graviers roulants, des racines piégeuses, des branches qui piquent, des roches qui frottent, des marches d'ogre ardéchois et une descente... qui pourrait user du cuissard ! »
Tout est décrit dans cette phrase, un superbe parcours très difficile.
Départ par vagues de 10 à 1 minute d’intervalle. Contrairement à la veille, je pars prudemment, Jixie tracte bien et veut rester avec le groupe, après une petite montée, nous dominons l’Ardèche et le fameux pont, nous y descendons par de longues marches. Jixie a été surprise par ce pont elle a avancé en abaissant son centre de gravité, presque en rampant avant de prendre confiance et de se mettre à trottiner. Nous longeons la rivière et avant de la quitter nous faisons baigner les chiens. Les choses sérieuses commencent d’abord sur du bitume et ensuite sur un monotrace avec un fort pourcentage (120 de D+ sur 600m), impossible de courir et très difficile à monter, à ma grande surprise Jixie garde la longe tendue et m’aide. On se retrouve avec les mêmes attelages que la veille, on se double, se distance et on revient.
Le parcours devient plus vallonné sur un superbe monotrace, Jixie me tire toujours. Dès qu’une rude montée se termine, elle donne un coup sur la longe comme pour me dire « allez on fonce », ce qui me motive et nous atteignons le premier ravito pour chiens (bassines et seaux) et humains. Première grosse descente nous perdons 100m en 700m, sur un terrain instable d’où des dérapages plus ou moins contrôlés, Jixie reste à côté ou derrière moi.
Le parcours alterne des fortes cotes, des fortes descentes et quelques tronçons vallonnés. Par moments les mollets tirent, j’ai peur d’avoir des crampes mais ça tient, j’essaye de m’alimenter et de boire. A ma grande surprise Jixie fait le boulot, on fait un bout de chemin (5 km environ) avec une concurrente qui nous double en cote et on passe devant en descente. Deux ravitos avec des bouteilles d’eau, puis un dernier avec des seaux et bassines sont les bienvenus. Après ce dernier ravito, sur une large piste nous nous faisons distancer par nos compagnons de route, Jixie et moi marquons le pas, puis arrive un monotrace bien sinueux, Jixie repart à fond, j’oublie mes douleurs aux jambes, c’est un vrai plaisir, Jixie qui tracte après 12 km de course, c’est incroyable.
Nous arrivons sur une corniche puis sur un sentier moins évident, je fais à tort confiance à ma chienne et c’est la tuile. On arrive sur du goudron, plus de rubalise en vue. Je fais demi-tour, j’ai du mal à retrouver le sentier par lequel on est arrivé. Il me semble entendre quelqu’un plus haut, oui c’est bien ça, on retrouve une coureuse et son chien, et à cet instant j’aperçois un marquage au sol, on plonge sur St Martin par un monotrace en sous-bois, bien pentu, le balisage est moins évidant, nous hésitons à plusieurs endroits. Nous traversons la route sous un tunnel avec à la sortie d’énormes marches en palette de bois. Nous passons sous des arcades dans le vieux St Martin avant de rejoindre le bord de la rivière, On essaye de rester au contact, mais c’est dur, et de plus Betty nous interpelle pour nous prendre en photo, et là Jixie ne tracte plus, je dois l’invectiver pour gagner la ligne d’arrivée.
Un grand moment de fierté d’avoir pu enchainer ces 2 courses et surtout fier de Jixie qui a été énorme sur cette course, ce qui m’a poussé à me dépasser. Sur le canitrail nous avons effectué 15,6 km avec un dénivelé de 500m en 2h08."
PS : comme toujours, merci bcp aux photographes.